À Dimensions variables est l’exposition artistique et temporaire du FRAC d’Amiens clôturant le voyage dans le champ du dessin sous toutes ses formes.
Du 18 septembre au 14 décembre 2019, l’exposition À Dimensions variables est libre d’accès pour tous afin de déambuler parmi des œuvres uniques et emblématiques de la thématique du dessin, au FRAC d’Amiens.
Un parcours en trois temps
La commissaire, Dominique Abensour, met à l’honneur les différentes façons grâce auxquelles le dessin peut exister : par l’imperceptible, les gestes ou les univers graphiques.
Quand on flâne dans les diverses salles d’exposition, on se retrouve face à différentes perceptions. On se sent à la fois maître de son regard mais aussi et surtout happé par les œuvres qui nous déstabilisent. On se sent à la fois petit, puis grand, instable, fixé… Toutes ces sensations engrènent en soi des émotions variées, parfois inexplicables.
Le découpage de l’exposition en trois espaces permet de se balader parmi les œuvres des années 2000 confrontant plusieurs aspects du dessin durant ces deux dernières décennies. La diversité est telle que de nouvelles formes, de nouveaux espaces, matériaux et outils viennent se lier à la pratique d’un dessin expérimental et contemporain. Certaines œuvres sont en trois dimensions, d’autres sur le format originel du papier et d’autres encore s’inscrivent dans le temps grâce à la vidéo.
Les imperceptibles
Depuis le début de notre siècle, les artistes sont dans une recherche constante souhaitant repousser les limites de la perception. L’œuvre située dans la salle plongée dans le noir est d’Anthony McCall et est totalement située entre le perceptible et l’imperceptible. C’est une œuvre que l’on peut « toucher » en passant sous les faisceaux, mais avec laquelle aucun contact physique réel n’a lieu.. Et pourtant, chaque trait dessiné par la lumière est net, précis et clairement perceptible à l’œil.
Tandis qu’Oscar Muñoz et sa vidéo nous donnent l’impression d’halluciner : on voit le portrait d’un homme qui se modifie, qui évolue, qui mute jusqu’à sa disparition quasi totale au fond du lavabo. Ce dessin est donc un souvenir filmé, celui-ci n’existe plus, avalé par le conduit d’évacuation des eaux.
Les gestes
Depuis toujours, le geste et le dessin sont intimement liés. Au fil du temps, les artistes ont toujours cherché à innover et à redéfinir le concept du geste dans l’art, et notamment dans le domaine du dessin. Ils adaptent leurs formats qui grandissent, rapetissent, qui peuvent prendre place sur un mur ou encore s’adapter à un espace en particulier.
Comme l’œuvre de Carmen Perrin, nommée Tension, qui nous fait ressentir le mot inscrit via la tension des ressorts qui servent de support et formant une toile. Si l’artiste avait écrit le même mot avec des lettres soignées, comme celles des maîtresses d’école, nous n’aurions pas eu cette même lecture de l’œuvre. Ainsi, nous pouvons affirmer que le geste, même via l’écrit permet de faire ressentir des émotions fortes.
Les univers graphiques
Le graphisme est extrait directement du dessin. Le graphisme peut parfois faire surgir des choses plus intellectualisées, il complète la vision du dessin via le geste. Jochen Gerner créé une œuvre en 2002 nommée TNT en Amérique. Il s’agit en fait de l’intégralité de la bande dessinée Tintin en Amérique qu’il a modifiée : il masque grâce à la couleur noire toutes les planches, à l’exception de la violence qu’il peut y avoir dans cet album. Les couleurs surgissant invitent le spectateur à se pencher sur les 32 pages et les petits encarts colorés qui en ressortent.
Les deux œuvres de Tatiana Trouvé nous perdent dans un univers qui semble à la fois familier, au premier abord, puis totalement disloqué et improbable.
Toutes ces œuvres nous invitent à déambuler devant, entre et autour. Leur graphisme, les gestes ou les perceptibles imperceptions nous font ressentir des émotions parfois troublantes, gênantes ou sympathiques. Cette troisième et dernière exposition de la suite nommée Histoire de Dessins a bien réussi à répondre au programme prévu, en adéquation totale avec la volonté de ce FRAC.
Laëtitia
Exposition ouverte au public du mardi au samedi de 14 à 18 heures, sauf jours fériés, jusqu’au 14 décembre. Gratuit. Plus d’infos sur le site internet.
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