Farid fabrique des objets décoratifs et lumineux, à Agnetz (Oise). Durant le confinement, il a d’abord fabriqué et offert des visières, puis il a développé sa petite-entreprise, en refaisant son site internet, et en inventant de nouveaux modèles.

À la mi-mars, Farid, qui créé habituellement des objets décoratifs au sein de son auto-entreprise L’Atelier de Guizmo, a commencé à fabriquer des visières. “J’ai vu sur Linkedin des publications d’un ingénieur suédois qui avait fait des visières de protection dont le cerclage était réalisé en impression 3D et la feuille couvrante à partir d’une feuille plastique transparente, qu’on utilise souvent pour la reliure de documents Ces visières sont d’habitude produites en grande série en injection plastique et sont utilisées dans le milieu médical. Mais vu qu’elles sont produites en Chine, il commençait à y avoir une pénurie”, explique Farid. En parallèle, un groupe d’ingénieurs a mis au point un masque imitant les FFP2 entièrement en impression 3D avec filtre interchangeable.

“J’ai imprimé une visière et un masque par curiosité d’abord, mais le masque n’épousait pas bien la forme du visage malgré un thermoformage et surtout le contact sur le visage n’était pas agréable. Une semaine plus tard, les journaux ont commencé à parler de pénurie de masques et protections pour le personnel soignant… du coup je ne pensais pas que les visières seraient assez protectrices pour le personnel des hôpitaux et j’ai proposé localement à la pharmacie, les infirmières libérales et les services de la mairie de fournir des visières gratuitement.”

Les mairies d’Agnetz et Clermont l’ont soutenu

Une infirmière a mis Farid en contact avec l’Ehpad de Clermont qui était très demandeur. “J’ai immédiatement commencé à produire à plus grande échelle, avec l’aide des mairies d’Agnetz et de Clermont, qui m’ont fourni des feuilles de plastique transparent et des perforeuses.” Farid en profite pour redessiner le modèle 3D afin qu’il s’adapte à une taille de tête “standard” en France, sans devoir utiliser d’élastique et disposer les crochets d’accroche pour qu’ils correspondent aux trous d’une perforeuse standard format A4.

“Au départ j’imprimais les visières par lot de trois et devais rester presque toute la journée devant l’imprimante pour retirer les visières terminées pour en lancer d’autres. Il fallait 2h30 pour faire trois visières. Puis j’ai décidé de les superposer et lancer des lots de 36 visières faites en 22 heures, mais ça nécessitait énormément de travail au scalpel par la suite pour les détacher proprement.”

Près de 300 visières

Au bout de quelques semaines, l’approvisionnement en masques et visières produites industriellement ont repris. “J’avais de plus en plus de mal à trouver du filament pour l’impression, sans compter l’aspect financier.” Sur cette période, Farid a produit près de 300 visières : pour des pharmacies, le service de portage de repas du clermontois, les infirmières libérales d’Agnetz, l’Ehpad de Clermont, l’hôpital de Clermont et l’hôpital psychiatrique de Fitz-James.

Depuis il a cessé d’en produire. “Je ne peux plus me permettre financièrement d’en offrir gracieusement en grande quantité car je n’ai plus eu d’activité depuis mi-mars. Je ne veux pas en faire un commerce car je ne veux pas profiter de la pandémie pour ça. Surtout que la production par impression 3D n’est rentable ni financièrement ni en temps par rapport au produit standard fabriqué en grande série.”

Un site internet tout neuf

Les premières semaines sont donc passées très vite pour Farid. “Ensuite, j’ai pris du temps pour me reposer tout en faisant les travaux et profiter du cadre qu’offrent notre jardin et la proximité immédiate des champs et de la forêt pour les promenades autorisées. Guizmo [ndlr : son chien qui a donné son nom à l’entreprise] était d’ailleurs ravi de pouvoir profiter bien plus de nous durant cette période.”

Par la suite, Farid s’est de nouveau occupé de sa petite entreprise. “J’ai refait le site internet de la boutique entièrement, j’ai changé d’hébergeur et créé plus de sections dont un blog, refait les fiches produits, ajouté des moyens de paiement sécurisés, de nouveaux modes de livraison (point relai, colis avec ou sans signature…), possibilité de créer des bons de réduction et bons d’achat, livraison gratuite à partir de 80 euros.” Il a également réalisé des travaux de peinture et d’aménagement dans la boutique, pour avoir une plus grande surface d’exposition.

“Au niveau des produits, j’essaie d’avoir un éventail plus large car initialement, je proposais surtout des luminaires. Désormais, je réalise des paniers vide poche de différentes tailles, des horloges et des bougies décoratives et parfumées entièrement à base de produits naturels (cire végétale et huiles essentielles) soit en pot soit de formes spéciales dont je réalise moi-même les moules en silicone.”

Pour la fête des mères, Farid a réalisé de nouveaux modèles, plusieurs bougies déco et des bougies parfumées. “Pour l’instant ce sont des bougies en forme d’oeuf et je suis en train de dessiner un moule en forme de rose et un autre en forme de pomme de pin.”

Les bougies sont réalisées de A à Z à l’atelier. “Pour les bougies moulées, je dessine la bougie, fais le modèle en impression 3D puis fabrique un moule en silicone pour pouvoir couler les bougies.Pour les bougies en pot, on prend des pots de yaourt en verre pour faire la coulée en utilisant de la cire de soja naturelle (pas de paraffine), des colorants naturels (poudre de mica et autres) et des huiles essentielles de fleurs ou de plantes pour les parfumer.”

“J’ai aussi pas mal d’idées pour de nouvelles lampes dont une qui est en cours d’impression, de grande taille (30cm de large sur 55cm de haut) et d’autres qui marient impression 3D, travail du bois et travail du métal.”

Farid essaie d’utiliser le plus possible des matières sourcées localement comme les filaments à base de marc de café, d’écorce de blé, de coquille Saint-Jacques… “J’espère qu’après la fin de la pandémie on puisse retrouver une activité normale, pour l’instant nous préférons faire de la livraison et limiter le retrait en boutique pour limiter les risques.” Son dossier pour la participation au marché artisanal de Beauvais venait d’être validé au moment du confinement, il a été repoussé à septembre.

“En parallèle je suis en train de concevoir ma propre imprimante 3D qui me permettra de soulager mon imprimante actuelle et de réaliser plusieurs objets en même temps, elle n’en est qu’au stade d’études pour l’instant.” Que des beaux projets, nés en plein confinement, pour l’Atelier de Guizmo.

Léa

Plus d’informations sur sa page Facebook ou son site internet.

À LIRE AUSSI

À Agnetz, il fabrique des oeufs lumineux à base d’amidon de maïs

Tifenn a déjà fabriqué plus de 1 600 masques, à Pont-Sainte-Maxence

À Corbie, l’Atelier de Célène fabrique des masques

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

©2023 Tous droits réservés - Designed by Comm El -4- On Teste Pour Vous en Picardie | Mentions légales