C’est lors d’une éclaircie qu’a eu lieu, vendredi 24 mai, l’inauguration de la statue dans l’eau de Saint-Leu, plus connue sous le nom de L’Homme à la Bouée.
Un peu plus d’un an après avoir été vandalisée, l’Homme à la Bouée fait son grand retour sur sa place prédéfinie sur la Somme. L’artiste, Stephan Balkenhol, a été touché par les nombreux émois qu’a pu susciter la dégradation de l’oeuvre aux yeux des Amiénois. D’ailleurs, L’Homme à la Bouée a depuis cet événement désolant une page Facebook. Des photographies sont accrochées sur les garde-corps, plastifiées, représentant, en hommage, l’homme de bois habillé de mille et une façons par les étudiants, notamment.
Nombreuses sont les personnes s’étant réunies autour du quai bélu afin de pouvoir assister à cet événement historique. La Femme et l’Amant ont été restaurés et réinstallés sans cérémonie officielle. Pour l’emblème du quartier et de la ville, c’est à 19h30 que Brigitte Fourré, maire d’Amiens, Alain Gest, président d’Amiens Métropole, l’artiste ainsi que Laure Dalon, directrice des Musées d’Amiens, arrivent en barque à l’aide du pilote, les menant vers la sculpture recouverte d’un voile opaque et blanc. Le mot d’accueil de Brigitte Fourré précède la mise à nu de l’oeuvre par Alain Gest après une manœuvre du pilote de barque.
Rapidement, les avis divergent. “Il est bien là, je trouve !” lance un homme. En effet, l’Homme n’est plus face à la place du don, mais regarde la rivière. Alors que la cérémonie touche à sa fin, l’artiste est sollicité par les spectateurs : “Pourquoi est-ce qu’il ne regarde plus sa femme ?” crie une personne. L’artiste répond qu’au fond, l’homme ne tourne le dos à personne et qu’il a fallu faire autrement, accepter d’autres contraintes techniques. La sculpture, pour des causes de vieillissement du bois a dû changé de matériau : elle est maintenant faite d’aluminium, résistant mieux aux intempéries propres à notre climat picard.
“Franchement ? Moi, je suis partagé. C’est étrange qu’il regarde au loin, mais pourtant, il est bien là”, estime Philippe, belge, qui connait très bien l’oeuvre originale, puisqu’il vient régulièrement sur Amiens voir de la famille. Françoise, elle, trouve vraiment dommageable qu’il n’y ait plus cette légende amiénoise où l’homme regarde sa femme à travers la rive : “ça m’ennuie, ils vont se manquer, à ne plus se regarder” rit-elle. Malgré tout, il s’agit de légende, et surtout d’interprétation diffusée au fil des générations par les Amiénois, ni plus, ni moins.
La copie de l’oeuvre a coûté 20 000 euros. Malgré tout, l’oeuvre originale a été conservée et sera visible de tous dès sa ré-ouverture au Musée de Picardie, en fin de cette année 2019.
Entre déception et joie de retrouver la statue emblématique de Saint Leu, les Amiénois discutent et continuent à débattre sur la position et sur la copie de l’Homme, qui est maintenant bel et bien remis à sa place et déjà vêtu de tee-shirt en tous genres.