Marjorie Alexandre a auto-édité son roman Du Haut des falaises, en 2023. L’histoire d’une reconstruction bouleversante, où la baie de Somme devient un réel refuge pour Louise, l’héroïne.

Louise aurait pu sauter dans le vide. Comment continuer à vivre après la mort de son bébé ? Page après page, impossible de reposer le livre, impossible de retenir ses larmes. Si la reconstruction de l’héroïne du premier roman de Marjorie Alexandre paraissait impossible, trois choses l’ont pourtant sauvée : une rencontre inattendue, un chiot, et la baie de Somme.

De la photo à l’écriture

« Je suis tombée dans la lecture quand j’avais 4 ans. J’ai grandi dans un tout petit village de 130 habitants dans les Ardennes, sans enfants de mon âge, se remémore Marjorie. Adolescente, j’ai un peu caressé ce rêve d’écrire, mais c’est resté à l’état de rêve. » Jusqu’au Covid. « Juste avant, j’ai fait un burn out. J’avais besoin de mettre le monde sur pause, j’ai fait pas mal de balades avec mes enfants. » Marjorie réalise de nombreuses photos et sa fille va l’inciter à les publier sur Instagram. Un premier pas, sans qu’elle le sache, vers l’écriture…

« Maman, quand on était petit, tu nous inventais des histoires, tu serais capable de nous en écrire à partir de photos ?« 

Un jour, ses enfants la bousculent : « Maman, quand on était petit, tu nous inventais des histoires, tu serais capable de nous en écrire à partir de photos ? » Ils choisissent chacun une photo, elle leur écrit alors trois nouvelles. « Puis j’ai choisi trois autres photos. Et la nouvelle suivante, j’ai senti qu’il fallait que je la continue. » C’est ainsi qu’est né son premier roman…

Une photo prise au Bois de Cise

Cette photo qui l’a inspirée n’est autre que la photo de couverture du roman. Elle a été prise au Bois de Cise, alors que Marjorie s’y baladait. Une simple tasse de thé dans un hôtel-restaurant, un cliché en noir et blanc capturé par la fenêtre… et tout s’enchaîne. « En partant de cette photo, j’ai laissé venir à moi l’histoire. Je n’écris pas avec un plan. Je me suis laissée guider par les personnages, je les ai suivis là où ils voulaient m’emmener.« 

Un guide à quatre pattes

L’histoire est ainsi venue « petit à petit« . « Au départ, le personnage principal, Louise, est enfermé dans la solitude de sa douleur. C’est un chien qui va la ramener en douceur dans la brutalité de la vie. Il va lui donner le courage de s’affirmer vis à vis de sa famille, de ses amis, il va lui rouvrir un peu le cœur. » Ce chiot, que Louise n’avait pas choisi de faire entrer dans sa vie, découvre une boîte où elle gardait des souvenirs de son bébé et la retourne… « Il lui demande de se réveiller, il va réussir à lui faire passer le message que ses amis n’arrivent pas à lui faire passer.« 

Ce guide à quatre pattes, qui prend à lui seul la place entière d’un personnage, est « arrivé patte après patte dans le roman«  inspiré par le propre beagle de Marjorie, toujours à ses pieds lorsqu’elle écrivait. « J’ai toujours eu des chiens. Ils saisissent nos émotions avant même qu’elles surgissent chez nous. Ils arrivent avec leur joie. Il nous disent des choses évidentes, nous inscrivent dans le temps présent et nous forcent à aller prendre l’air.« 

Une relation comme on en voit peu

Autre personnage clé, celui de Christian. Un guide, un père, un repère inattendu, mystérieux et profondément humain pour Louise. « J’ai souvent eu des amitiés avec des gens plus âgés. Quand j’écris, j’écoute mon inspiration. Je me souviens de ce moment où Louise est sur le bord de cette falaise. Elle ne peut pas sauter, sinon l’histoire est finie. Je n’avais pas envie d’un homme qui vienne comme un sauveur, ni d’une jeune femme qui deviendrait sa copine.« 

« C’est le côté magique de l’écriture, on peut créer d’autres réalités et donner vie à des personnes qu’on aurait aimé croiser dans notre vie. »

Il fallait quelque chose de « loufoque » pour attirer l’attention de Louise, mais aussi celle du lecteur. « Cette relation avec Christian, c’est vraiment de l’imagination, moi aussi j’aurais aimé le rencontrer ! C’est le côté magique de l’écriture, on peut créer d’autres réalités et donner vie à des personnes qu’on aurait aimé croiser dans notre vie. »

La baie de Somme, un véritable refuge

Quant à la baie de Somme, qui devient le refuge de l’héroïne, elle a d’abord été celui de Marjorie, qui y a vécu quinze ans « dans un petit village entre Amiens et Le Tréport, Liomer. J’aimais beaucoup le Bois de Cise, Ault, Mers-les-Bains, Saint-Valery. J’allais crapahuter avec les enfants, avec mon chien. » Des endroits qui l’ont marquée et qu’elle décrit à de nombreuses reprises dans son roman. Une déclaration d’amour à ce lieu pas comme les autres qui a marqué l’autrice, qui vit aujourd’hui à Set. « Le cadre est magnifique, les falaises sont implacables mais aussi solides et rassurantes. »

Une histoire inventée, des émotions vécues

Enfin, la douleur que traverse le personnage, Marjorie la connue. « C’est quelque chose que j’ai vécu, la perte d’un enfant. Le roman est imaginé mais les émotions qui sont dedans sont les miennes. La froideur chirurgicale des médecins, le manque de psychologique, c’est du vécu. Ce ne sont pas forcément des choses abordées facilement avec les proches. Quand on le vit on se sent faible. » De nombreuses années plus tard, Marjorie avait envie d’en parler, de se servir de ce côté thérapeutique de l’écriture.

Un vrai message d’espoir

Dans ce roman habité de blessures, de douceur et de rencontres salvatrices, un message traverse les pages : parfois, une seule bonne âme suffit pour remettre un peu de lumière. « Parfois, on rencontre dans notre vie des choses pas facile à vivre, et quelqu’un est là juste pour aider sans poser de questions, sans chercher à savoir, juste pour aider. On est dans un monde où on nous berce de mauvaises nouvelles, de négativité, et délivrer un message d’espoir c’est bien aussi.« 

Aujourd’hui, Marjorie écrit un deuxième roman, totalement différent, plus intime. Quant à Louise, elle ne sait pas encore si la suite de son histoire verra le jour, mais ses lecteurs sont nombreux à la réclamer… Moi la première. Une histoire qui reste longtemps après avoir refermé la dernière page.

Léa

Plus d’infos sur son compte Instagram, par mail à marjorie.alexandre.1977.ma@gmail.com ou au 06 62 95 88 82. Vous pouvez commander son livre directement sur Amazon ou demander à votre librairie.

Vous pourriez aussi aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

©2023 Tous droits réservés - Designed by Comm El -4- On Teste Pour Vous en Picardie | Mentions légales